LA DERNIERE DANSE

Sur les traces de l’héritage spirituel des communautés noires du Maghreb

Dans toute l’Afrique du Nord, un rituel est pratiqué originellement par les communautés noires du Maghreb. Le stambali est une religion animiste qui prend sa source entre la vallée du Niger et le golfe de Guinée. Il s’est répandu en Tunisie et en Afrique du Nord avec les populations amenées en esclavage pendant la traite trans-saharienne. A l’instar des Gnawa du Maroc et du Diwan algérien qui pratique ce culte, cette pratique mystique et thérapeutique reflète l’héritage spirituel de ces communautés et plus largement de l’identité Noire de ce territoire. Mélange entre le culte bori de la culture Haoussa et le culte populaire des saints musulmans, le stambali est devenu une tradition confrérique dans la Tunisie contemporaine.

Même si les pratiques ont évolué de manière nuancée selon les pays, cette confrérie puise son origine commune dans une affiliation symbolique à Sidna Bilal, premier muezzin de l’Islam et premier esclave noir affranchi par le prophète Mohamed. Leur intégration au monde musulman a pu se faire en se mêlant aux croyances populaires des différentes confréries religieuses. Les chansons et rites de la confrérie des «Ouled Bilal » racontent l’histoire de l’esclavage et de la déportation de populations d’Afrique subsaharienne par les marchands arabes vers le Maghreb. Ils témoignent à la fois de leurs pratiques mystico-religieuses, indissociables de la traite orientale, et de la richesse de ce patrimoine devenu "immatériel".

La dernière danse » nous amène sur la route de la traite sub-saharienne et explore l’héritage de ces communautés disséminées dans toute l'Afrique du Nord.

Esprits africains, djins et saints musulmans, sont invoqués par un phénomène de possession où les adeptes offrent leur corps aux divinités dans une transe expiatoire dont l’objectif est avant tout de guérir. Mais au travers de ce culte, ils transmettent, en filigrane, l’histoire de l'esclavage, de leurs ancêtres et de la résilience de ces communautés face au traumatisme de la déportation.. La musique joue, ici, le rôle d’une mise en ordre du monde et raconte l’histoire de cet héritage spirituel. Seule trace visibles de cette identité Noire au Maghreb, leur mémoire se lie à l’histoire populaire de ce territoire et à la pratique des confréries religieuses.

Mais c'est dans les traces de l'invisible et le secret des familles que se révèle l'essence même de leur histoire et de leur tradition. Le Bou Saadiya, personnage folklorique, mi-sorcier, mi-saltimbanque, y apparait, tel un vieux souvenir de ce traumatisme collectif qui se perd dans les noubas du stambali. Personnage mythique du stambali, il symbolise la face visible de ce déracinement lié à l’esclavage et de ces personnes arrachées à leur terre. Bou Saadiya s'évapore dans le folklore populaire mais sous ses vêtements aux notes africaines, il raconte cette quête d'identité de ces communautés.

Mais aujourd’hui, le stambali vit peut-être ses derniers jours. La plupart des officiants sont décédés et le rituel, peine à trouver sa place dans une société en profonde mutation.

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LOOKING FOR SAADIYA 2018

LOOKING FOR SAADIYA 2018

1 / OULED STAMBALI

1 / OULED STAMBALI

Tous les ans, Riadh organise sont rituel annuel où il convie de nombreux adeptes. Le temps de cette cérémonie, il rend hommage à l’ensemble du panthéon des esprits qu’ils représentent. C'est aussi l’occasion de marquer son rang de Arifa, initié qui relie le mondes des humains à celui des djinns. Toute la nuit, il invoquera les esprits des saints musulmans et les esprits noirs de l’Afrique, retraçant ainsi, l’histoire des esclaves en Tunisie et de leurs lointains ancêtres mythiques.

/2 ARIFA. PETITES HISTOIRES DU MONDE INVISIBLE

/2 ARIFA. PETITES HISTOIRES DU MONDE INVISIBLE

“Je suis Ma Gagia, je suis Baba Kouri, je suis Sidi Abdelkader. Arifa est mon fardeau, Arifa est ma chaîne qui me lie au Grand Monde. Arifa est ma liberté d’exister sur ce pont qui relie le monde des humains à celui des esprits.”

 

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INSTALLATIONS & PRESSE

 

EXPOSITIONS COLLECTIVES & PERSONNELLES

 

. 2019 . La Dernière danse #Tunisie. Escale la Grange aux Belles. - IMAGES DU REEL - Paris. Avril 2019

. 2018 . "Looking for Saadiya". Festival international de Photographie et arts visuel.  Kerkennah#01. Tunisie.

. 2018 . "Looking for Saadiya". Galerie Ghaya. Lieux de nulle part. Sidi Bou Saïd. Tunisie.

. 2018 .  Exposition Al Muzika, voix et musiques du monde arabe.. Philharmonie de Paris. Avril-août 2018

. 2018 . Les rencontres Dunga. Mornag. Tunisie. 22 avril 2018.

. 2017 . Festival Stambali. Institut du Patrimoine. Tunis. Tunisie.

. 2016 . La dernière danse. Voyage intime au coeur du Stambali. Institut Français de Tunis. Tunisie.

. 2016 . Traces fragment d’une Tunisie contemporaine”. Institut Français de Tunis. Tunisie.

. 2015 . Traces fragment d’une Tunisie contemporaine”. Mucem. Marseille. France. 

. 2015 . Arifa, petites histoires du monde invisible. Festival de la photographie de Ghar El Melh.Tunisie .

. 2013 . Gnawa, du sacré et du Profane. Festival de musique Gnaoua d’Essaouira, Maroc.

. 2011. Gnawa, du sacré et du Profane. Cité de la musique. Marseille. France.

. 2011. Gnawa, du sacré et du Profane. Festival les Arabesques. Marseille. France.

. 2009 . Gnawa, du sacré et du Profane. Institut des Cultures d’Islam. Paris. France.