Gabes. 04 juin 2016. Vue depuis la parcelle de la famille Chairat dans l’oasis de Chott Essalem de l’usine du Groupe Chimique Tunisien (GCT) a Gabes. L’usine est une entreprise publique tunisienne qui produit et traite le phosphate extrait de la région de Gafsa en produit chimique comme l’engrais ou l’acide phosphorique. Société exportatrice à 90%, le groupe est le principal moteur économique de la région et emploi plus de 3000 personnes sur le site. Les agriculteurs de l’oasis font face à une forte pollution des sols et atmosphérique en raison des rejets toxiques et polluants dans l’air et dans la mer. L’usine rejette 13.000 tonnes phosphogypse sec par jour dans la Méditerranée.
Le train achemine le phosphate extrait dans la région du bassin minier de Gafsa arrive à l’usine de traitement chimique. La production du phosphate marchand en Tunisie était en moyenne à son plus haut niveau de 8 millions de tonnes entre 1998 à 2010 contribuant à 4 % du PIB du pays et à 10 % des exportations. Les tensions sociales de l’ère post-révolution 2011 ont engendré une chute de cette production de plus de 60% pour atteindre 2,5 millions de tonnes en 2011 et 2,7 millions en 2012. Gabes., juin 2016
Un agriculteur regarde son champs de de tabac alors que le train qui achemine le phosphate depuis le bassin minier de Gafsa arrive à l’usine de traitements du minerai. Oasis de Chott Essalem. Gabes, juin 2016.
Vue De l’usine du Groupe Chimique Tunisien (GCT) à Gabes. Juin 2016.
Gabes. Oasis de Chott Essalem. 04 juin 2016. Hedi Cherif, voisin de la famille Chairat a perdu entre 60% et 80 % de sa récolte de salade et de tabac à cause de la pollution et des pluies acides d’avril 2016
Après des pluies acides en avril 2016, l’agriculteur Salem Chairat se plaint d’avoir perdu 60% de sa récolte de tabac dont le champs est situés aux abords de l’usine. Gabes. Chott Essalem, juin 2016.
Salem Chairat dans sa parcelle familiale. Aujourd’hui à la retraite, Il travaillait dans le secteur du marbre. Pour lui, le nombre d’agriculteurs a fortement diminué car l’activité n’est plus rentable aujourd’hui et la main d’œuvre manque. Les agriculteurs se plaignent de la pollution due aux rejets de produits toxiques dans l’air, dans les sols et dans la mer qui abiment régulièrement leurs récoltes. Oasis Chott Essalem. Gabès. 2016.
Gabes. Chott Essalem 04 juin 2016.
La famille Chairat pompe de l’eau de manière illégale de leur puit. Auparavant, l’eau se trouvait à 10m sous le sol alors qu’aujourd’hui, il faut descendre jusqu’à 80 m pour trouver de l’eau avec un systeme de pompage. Sans cette option, la moitié de ses récoltes ne pousserait pas. Les agriculteurs font face au manque d’eau en raison des activites des usines du Groupe Chimique Tunisien (GCT) et de la cimenterie de Ras el Oued( Sud Oues de Gabes). Ces industries ont besoin de milliers de litres d’eau par jour pour assurer leur production. Aujourd’hui, chaque agriculteur de la dizaine d’ oasis de Gabes doit attendre son tour d’eau entre 20 et 40 jours pour être irrégué officiellement.
Des agriculteurs de l’oasis amènent une vache de la ferme dans une camionnette pour être transportée à l’abattoir. Oasis de Chott Essalem. Gabès. 2016.
L’oasis est un système d’agriculture de palmiers-dattiers, d’arbres fruitiers et de cultures maraîchères et fourragères sur trois niveaux. C’est un écosystème unique, riche en espèces végétales indispensable à la faune locale et aux espèces migrateurs. Gabès, juin 2016.
Un agriculteur dans l’oasis de Chenini devant l’ancienne rivière, aujourd’hui asséchée, qui irriguait les parcelles de l’oasis. Gabes, juillet 2019.
Gabes. Oasis de Chenini. 03 juin 2016
L’ agriculteur Ali Ahmed, dans sa parcelle familiale. Il a hérité cette parcelle de 3000 m2 de son père et a toujours travaillé dans l’agriculture parallèlement à son activité dans l’éducation nationale.
Aujourd’hui L’extension urbaine, la pollution des usines du Groupe Chimique Tunisien (GCT) et de la cimenterie, le manque d’eau, l’appauvrissement des sols mais aussi l’émiettement des parcelles agricoles par le fait de l’héritage menacent l’avenir du système oasien.
Ali Jabri, ingénieur mécanicien dans l’armée à la retraite. Il a hérité de sa parcelle dans l’oasis de Chenini de son père. Il y cultive des grenades et du héné certifiés bio. Pour lui, cet endroit de l’oasis était un paradis avant les années 70. Depuis que l’usine de traitement du phosphate et la cimenterie se sont installées, les agriculteurs ont vu leur accès à l’eau diminué. Les usines utilisent la nappe phréatique de l’oasis pour leurs activités industrielles et la rivière qui traversait l’oasis est aujourd’hui complètement asséchée. Oasis de Chenini, Gabes, juillet 2019.
Un épouvantail dans une parcelle de l’oasis de Chenini. Juillet 2019.
Vue De l’usine du Groupe Chimique Tunisien (GCT) a Gabes. L’usine du Groupe Chimique Tunisien (GCT) rejette 13000 tonnes de phosphopgypses par jours, issu de la transformation chimique du phosphate en engrais, dans la mer. Les pêcheurs se plaignent de la pollution due aux rejets de produits toxiques dans l’air, dans les sols et dans la mer qui a tué la faune et la flore maritime locale. Gabes, juin 2016.
Meherz Hamrouni, capitaine et président du syndicat de pêche côtière de Gabes, range sa petite embarcation. Il a cessé de sortir en mer faute de poisson. Les déchets toxiques et polluants rejetés par l’usine du Groupe Chimique ont tué l’ensemble de la faune marine depuis les années 1990. Le golfe de Gabès était une zone de reproduction importante pour de nombreuses espèces. Port de Gabes. 2016.
Faute de poisson, les embarcations dédiées à la pêche côtière restent souvent à quai. Dans les années 90, le port de Gabès comptait plus de 500 embarcations de pêche côtière. Aujourd’hui moins de la moitié sont encore présentes et les pêcheurs sont obligés d’aller de plus en plus loin en mer pour trouver du poisson. Port de Gabes.2016.
Des pêcheurs de Gabès montrent leur maigre pêche du jour. Le port de Gabès compte aujourd’hui environ 250 pêcheurs côtiers contre 500 à 800 auparavant. La majorité ont cessé leur activité faute de poisson. Seuls les plus gros bateau pouvant aller à plus de 30 km peuvent sortir mais ils sont obligés d’aller de plus en plus loin, vers Sfax au nord, vers les côtes libyennes ou vers l’Italie. Gabes. juin 2016.
Filet de pêcheurs abandonné sur la plage de Gabes. Gabès, juin 2016.
Plage de Chott Essalem. Gabès. 2016. Mehrez Hamrouni, capitaine et président du syndicat de pêche côtière de Gabès, montre le dépôt de phosphogypse sec issu du rejet de l’usine de traitement de phosphate accumulé sur la plage de Gabès. Aujourd’hui, l’ensemble de la plage de Gabès est recouvert de phosphogypses. Gabès, juin 2016.
Phosphogypses sur la plage de Gabes, juin 2016.
Nazih Aoudi, armateur de Gabès et président de l’association de Chott Essalem pour le développement durable, observe une stagnation des eaux polluées sur la plage de Gabès. Juin 2016.
Cadavre d’un oiseau mort liquéfié par les acides des produits chimiques sur la plage de Gabès. Juin 2016.
L’usine du Groupe Chimique Tunisien (GCT) a Gabes est située entre de l’oasis de Chott Essalem et la Méditerranée. L’usine est une entreprise publique tunisienne qui produit et traite le phosphate extrait de la région de Gafsa en produit chimique comme l’engrais ou l’acide phosphorique. Société exportatrice à 90%, le groupe est le principal moteur économique de la région et emploi plus de 3000 personnes sur le site. Gabès. 03 juin 2016.
Fatiha (droite) est atteinte de troubles pulmonaires. Elle doit prendre de nombreux médicaments pour se soigner. L’ usine du Groupe Chimique Tunisien (CGT) rejette des particules toxiques et polluants dans l’air et provoquent de nombreuses maladies et cancers. Gabes. Oasis de Chott Essalem. Juin 2016.
Fatiha montre l’ensemble des médicaments qu’elle doit prendre quotidiennement pour se soigner. Oasis Chott Essalem. Gabès. 2016.
Majid montre les radiographies des os de sa mère atteinte d’osthéoporose osseuse. Oasis Chott Essalem. Gabès. 2016
Jihan, 15 ans, est atteinte d’une maladie génétique qui lui a fait perdre progressivement l’usage de ces muscles, et sa soeur, l’installent dans sa chaise roulante. Aujourd’hui elle ne peut plus se tenir droite et elle est obligée d’être allongée et de se mouvoir sur une chaise roulante..Elle a du arrêter d’aller à l’école depuis 2014. Oasis de Chott Essalem, Gabès. 2016.
Jalila, la mère de Jihan, l’installe dans sa chaise roulante. Son frère Ali , 8 ans, est atteint de la même maladie et perdra lui aussi l’usage de ses muscles. Même si le lien n’est pas avéré faute d’études, les militants écologiques constatent que de nombreuses personnes sont atteintes de maladies graves: naissance avec des malformations, ostéoporose, cancer… Oasis de Chott Essalem, Gabès, 2016.
LE POISON DE GABES
2016-2019
L’usine qui transforme le phosphate en engrais rend malade la terre et les hommes.
Depuis le début des années 1970, le littoral de Gabès abrite une usine de transformation des phosphates, du Groupe Chimique Tunisien (GCT). Les engrais agricoles produits ici sont ensuite exportés à 90% vers l’Europe ou le reste du monde. L’exploitation du phosphate reste aujourd’hui un secteur clé de l’économie de la Tunisie, 5e producteur mondial.
Mais, ce qui devait faire la richesse économique du territoire l’a en réalité empoisonné. Rejetés en mer, les résidus de la transformation des phosphates tapissent les fonds marins, provoquant la disparition d’une multitude d’espèces animales et végétales. L’oasis voisine de Chenini, un trésor naturel inscrit sur la liste indicative de l’Unesco, se retrouve sans eau, à cause des besoins en eau incessants de l’usine. Plus grave : de nombreux habitants souffrent de cancers, de maladies des os ou encore de pathologies respiratoires, liées aux rejets atmosphériques du GCT.
Oubliés des pouvoirs publics, les habitants ont décidé de réagir. Depuis la révolution de 2011, des associations se sont créées pour alerter l’opinion publique sur ce désastre environnementale et sanitaire.